Laisser aller

C’est tellement facile quand quelqu’un te dit : oh il faut laisser partir !
C’est comme si cela te devrait être égal,
comme si tu t’en foutais complètement,
mais tu ne peux pas faire ça,
ça te touche,
tu as envie d’être impliqué,
tu as envie de savoir,
tu as envie d’aider.

Le sauveur qui vit au fond de toi a envie de tendre la main, de caresser, de lisser les vagues.

Et pourtant, tu devrais laisser partir.
Tu devrais laisser chacun et chacune vivre son histoire.
Toi, tu vis la tienne.
Tu ne peux pas vivre à la place.
– Ou faire en sorte que des autres vivent une histoire qui te plairait à toi.
Toi, ton histoire, elle est devant toi, la leur aussi.
Et des fois, cette envie – oui, je la connais tellement bien – de vouloir aider l’autre, de vouloir faire en sorte qu’il soit aussi heureux que toi ? – ce n’est pas possible.

Toi, tu vis ta vie. L’autre fait ses choix et des fois ces choix-là il ne peut même pas expliquer pourquoi.
Toi, tu le vois de l’extérieur que c’est pas une bonne idée et pourtant cette personne là doit y aller, doit y aller pour voir ce que ça fait.
Et si cela n’était encore pas assez douloureux, cette personne-là va encore une fois y retourner pour s’enfoncer encore un peu plus.
Et toi à l’extérieur, tu peux donner un conseil, mais vouloir convaincre l’autre que ce n’est pas une bonne idée, tu le sais déjà, ce n’est pas possible.

Ce qui est rigolo, c’est que toi tu fais pareil.
Tu prends des décisions, tu fais des choses où quelqu’un t’observe et secoue la tête, se prend la tête et se dit « mais qu’est-ce qu’elle est en train de faire ? » – Et oui, chacun est différent, chacun ses histoires à vivre.

Ce n’est pas pour autant qu’il faut laisser alle ! – non, on peut y aller et dire ce qu’on a à dire.
Et puis, une fois que c’est dit, laisser partir ?
C’est dit et je passe à autre chose.
Je ne continue pas à garder cette histoire au fond de la tête comme une tâche arrière-plan qui tourne dans l’ordinateur, qui m’occupe qui me préoccupe.
C’est ok ce n’est pas mon histoire c’est l’histoire de l’autre ce n’est pas à moi de sauver qui que ce soit.
Je m’occupe déjà de moi et ce n’est pas facile de dire, s’exprimer.
Dire ce qu’on a à dire est déjà un pas énorme – et puis – laisser partir est encore plus énorme que ce premier pas.

Qu’as-tu besoin de laisser s’en aller ?